Traductions de cette page
[D'après une présentation donnée à la
Second Global Knowledge Conference
Kuala Lumpur, Malaisie, le 7 Mars 2000.
[Pour une discussion plus approfondie, voir mon texte :
Free Software :Access and Empowerment.]
Le titre de cette présentation est «Façonner le développement collaboratif des Technologies de l'information et des communications et les initiatives pour une prospérité globale» et les thèmes de cette conférence sont «accéder», »donner du pouvoir« et &alquo;gouverner».
Ce que nous nous proposons de faire aujourd'hui, c'est de prendre une technologie spécifique, discuter de la façon dont nous avons façonné cette technologie pour la rendre accessible et qu'elle soit un outil de pouvoir; discuter de la façon dont nous l'avons placée dans un cadre économique et institutionnel qui encourage les gens à travailler en collaboration; puis de la façon dont nous utilisons la technologie pour mieux gouverner.
La technologie, c'est du logiciel. Créer, c'est se trouver face aux conditions juridiques du copyright, son cadre légal et institutionnel.
Étant un des fondateurs de la Free Software Foundation, j'ai travaillé pendant 16 ans sur le cadre légal et institutionnel dans lequel nous utilisons et développons des logiciels. GNU/Linux, un système logiciel complet, est né de ces efforts.
Les TIC, (ICT, en anglais), sont composées de pièces matérielles et logicielles. Je ne parlerai ici que de l'aspect logiciel. Quoi qu'il en soit, j'espère pouvoir étendre notre expérience de ce sujet à d'autres technologies.
Quand je parle de logiciel, je veux parler aussi bien de ce qui fait tourner l'ordinateur,c'est-à-dire le système d'exploitation, que des applications, comme le courrier électronique ou d'autres moyens de communication, les tableurs, le commerce électronique, les outils de traitement du texte, l'envoi et la réception de fax, la création de sites Web, l'ingénierie, la recherche, les calculs mathématiques, la modélisation, la manipulation d'images et les réseaux.
Ces dernières années, le prix des ordinateurs et des matériels de communication est tombé a tellement baissé que de plus en plus personnes les utilisent. En effet, les organisateurs de notre conférence estiment à un sur trente le nombre de personnes dans le monde ayant un accès informatique aux communications électroniques, qui sont connectées.
Bien que le rapport d'un sur trente représente une faible portion de la population mondiale, cette technologie est populaire, grandissante et commence à prendre de plus en plus de place dans notre quotidien. De plus, nous nous attendons à ce que les ordinateurs et les coûts des communications continuent à baisser, pour au moins une autre génération, ce qui signifie que ceux qui n'y ont pas encore accès vont éventuellement en profiter.
Comme pour toute technologie, le logiciel peut s'utiliser d'une bonne ou d'une mauvaise façon.
En ce moment, c'est les deux que nous voyons. Le mauvais côté, ce sont des machines qui plantent sans raison, des courriels qui perdent leurs destinataires (dans les transactions d'argent), des systèmes vulnérables à de simples virus et des programmes qui ne font qu'une partie de ce que vous attendez d'eux.
La clef qui permet un bon usage d'un logiciel est d'assurer la liberté. Dans le cas du logiciel, cela entraîne collaboration, prix plus bas, fiabilité, efficacité, sécurité et moins de barrières pour y participer et l'utiliser.
Pour faire bon usage de la technologie logicielle, les gens doivent avoir le droit légal de la copier, l'étudier, la modifier et de la redistribuer. Tout le reste découle de cela.
Le logiciel GNU/Linux donne ces droits aux gens. Les programmeurs en bénéficient, mais plus important, les non-programmeurs aussi en bénéficient.
Par exemple, quelqu'un habitant dans une zone où les services téléphoniques sont médiocres ou inexistants, peut utiliser un package robuste, appelé UUCP, pour ses communications. J'ai lu récemment qu'un groupe d'Oxfam l'a fait.
Ceux qui ont de vieilles machines, même à base d'un antique 80386, peuvent faire tourner des programmes efficaces qui font aussi bien que ceux qui demandent un Pentium moderne et de la mémoire coûtant très cher. Ils peuvent très bien utiliser ces machines comme serveurs de pages Web ou comme routeurs, comme infrastructure pour les communications.
Les gens ne possédant qu'un ordinateur peuvent câbler un ou deux terminaux supplémentaires, installer deux ou trois chaises devant à la place d'une seule, tout cela pour un surcoût modique. Je l'ai fait : un ami est venu me rendre visite et nous voulions tous les deux travailler en même temps sur ma machine. Email, surf sur le Web, écrire, administrer le réseau, tout cela nous l'avons fait en même temps.
Une communauté, ou une collectivité, peut créer sa propre liste de diffusion ou son forum, privé ou public. Il est là, le collecticiel (groupware). Deux personnes ou plus peuvent travailler sur le même document au même moment, même s'ils habitent des pays différents. La dernière fois qu'il m'est arrivé de le faire, je travaillais avec un copain qui était de l'autre côté de l'océan Atlantique.
Vous voulez écrire un script en hindî, en chinois, en thaï ? Pas de problème, et dans la même fenêtre, tout comme en anglais ou en cyrillique.
Que ce soit un individu seul ou un groupe, tout le monde peut construire son site Web. Un éditeur peut composer ses propres livres. Un comptable peut analyser un budget. Les malvoyants ont la possibilité d'entendre à haute et intelligible voix un texte via leur ordinateur.
Vous pouvez choisir parmi plusieurs interfaces graphiques, de la plus délirante à la plus simple et plus pratique en passant par une interface ressemblant et se comportant comme celle de Microsoft Windows.
À part le système vocal pour les malvoyants, qui demande un materiel audio que je n'ai jamais installé sur ma machine, toutes les applications que je viens de citer tournent sur mon ordinateur personnel. Et je connais des gens qui ont installé le matériel audio et qui peuvent entendre les textes.
J'ai reçu toutes ces applications sur un cédérom gratuitement, comme cela peut arriver. J'ai également payé, pour d'autres versions de ces programmes ; il est parfois plus commode de dépenser quelques sous. Et si vous avez une connection internet rapide, vous pouvez instantanément télécharger le logiciel, il ne vous en coûtera que les communications téléphoniques.
Cette richesse logicielle est disponible et peut s'utiliser n'importe où dans le monde.
Pour revenir à la question : comment cette technologie a été façonnée, je me répète, la clef c'est la liberté, le droit légal de copier, étudier, modifier et redistribuer le logiciel.
L'outil légal spécifique que nous avons utilisé pour engendrer ces libertés et les bénéfices qui en ont découlés, est un copyright spécialement conçu, la GNU General Public License (la License publique générale GNU).
Cette licence vous donne plus de droits que ce que le copyright vous donne dans sa totalité et plus de droits que n'importe quelle autre licence logicielle. Pour aller à l'essentiel, elle vous interdit d'interdire. Elle vous permet de faire tout le reste.
J'aimerais approfondir cette liste de droits : copier, étudier, modifier et redistribuer.
En premier lieu, le droit de copier.
Il y a peu de gens à la tête d'une usine capable de recopier une voiture. De plus, reproduire une voiture est tellement difficile que nous utilisons un autre mot ; nous parlons de «construire» une voiture. Et il n'y a pas tant que ça de constructeurs automobiles dans le monde. Largement moins d'une personne sur trente possède une voiture ou a la possibilité d'accéder facilement à une usine automobile.
Mais quiconque possède un ordinateur possède une usine à fabriquer des logiciels, un moyen de manufacturer un logiciel, autrement dit, de faire de nouvelles copies. Parce qu'il est tellement facile de copier des logiciels, nous n'employons pas le terme d'«usiner», de «fabriquer» ; en général, on ne le voit même pas sous cet angle, pourtant il s'agit bien de cela.
Le droit de copier des logiciels, c'est le droit d'utiliser vos propres moyens de production (si vous me permettez cette expression démodée). Des millions de gens, un faible pourcentage de la population mondiale, ont entre leurs mains ces moyens de production.
Naturellement, il y a eu des efforts à faire pour se débarrasser des droits que vous avez d'utiliser votre propriété à vous comme d'une usine qui vous appartient.
En deuxième lieu, le droit d'étudier. Ce droit n'est pas d'un intérêt immédiat pour ceux qui ne programment pas. C'est un peu comme le droit, pour un homme de loi, de lire les textes des codes juridiques. Tant que vous n'êtes pas homme de loi, c'est le genre de livres que vous éviterez.
Et pourtant, le droit d'étudier a plusieurs implications, autant pour le programmeur que pour celui qui ne programme pas.
Le droit à l'étude signifie que les personnes vivant au Mexique, en Inde ou en Malaisie, peuvent étudier le même code que celui utilisé en Europe ou aux États-Unis. Ce qui veut dire qu'on ne les empêche pas d'apprendre comment les autres ont réussi.
Il faut garder à l'esprit que beaucoup de programmeurs travaillent avec la contrainte qu'il leur est interdit de voir le code d'autres programmeurs. Plutôt que de s'y hisser sur les épaules de leurs prédécesseurs, ce qui reste la meilleure façon d'avancer et de voir plus loin, ils se retrouvent la tête dans le sac. Le droit d'étudier, c'est le droit de voir plus loin, de progresser, du haut des épaules de géants.
Et plus encore, le droit d'étudier signifie que le logiciel en lui-même doit être disponible de telle sorte qu'il soit lisible par vous et moi.
Un logiciel présente deux aspects, un qui est lisible uniquement par les ordinateurs et un autre qui l'est par les gens. Le premier aspect est ce que la machine peut faire tourner. C'est ce qu'on appelle un exécutable ou un binaire. Quant au deuxième aspect, celui qu'un humain peut lire, on l'appelle code source. C'est ce que crée un programmeur humain, qui est ensuite traduit par une machine en binaire ou en exécutable.
Le droit suivant, celui de modifier, est le droit à corriger un problème ou d'apporter des améliorations. Pour la plupart des gens, cela signifie le droit que vous avez, vous ou votre organisme, de payer quelqu'un pour faire le travail à votre place, tout à fait comme vous payez un mécanicien pour réparer votre voiture ou un charpentier pour agrandir votre maison.
Les modifications sont d'une aide certaine. Les développeurs d'applications ne peuvent pas penser à toutes les façons dont les utilisateurs feront usage de leurs logiciels. Les développeurs ne peuvent pas prévoir les nouvelles charges qui seront appliquées à leur code. Ils ne peuvent pas anticiper toutes les conditions locales, comment un Malais utilisera un programme qui avait tout d'abord été écrit en Finlande.
Et pour terminer, parlons du droit de redistribuer.
Cela signifie que, vous, qui avez un ordinateur, une usine à logiciels, vous avez le droit de faire des copies d'un programme et de le redistribuer. Vous pouvez faire payer pour ces copies, ou les distribuer. D'autres peuvent faire la même chose.
Bien sûr, et il y en a, les gros fabricants de logiciels veulent vous empêcher d'utiliser votre propre propriété. Ils ne peuvent pas gagner contre un marché libre, alors ils attaquent autrement. Aux États Unis, par exemple, on voit de récentes propositions de lois qui vous ôtent votre liberté.
Le droit de redistribuer, tant qu'il sera défendu et soutenu, signifie que le logiciel est vendu au sein d'un marché compétitif, libre. Ce qui a plusieurs conséquences. Une des conséquences, c'est un bas prix. Ce qui est en faveur du consommateur.
Mais d'abord et avant tout, ces droits économiques et légaux amènent à collaborer, un des thèmes de cette conférence.
Ce résultat est contraire à de nombreuses attentes, chez les gens. Peu d'entre eux s'attendent à ce que, dans un marché compétitif, libre, chaque producteur deviendra de plus en plus coopératif et qu'il n'y aura pas de compétition, sensible ou visible au sein des hommes d'affaire en compétition.
Plus un marché est compétitif, plus la coopération est visible. Cette implication, qui va apparemment contre toute intuition, a été à la fois observée et inferée.
Cela se peut parce que les gens ne sont pas lésés dans ce qu'ils ont envie de faire. Les gens aiment aider leurs voisins.
Prenez un petit fermier, un parmi un million. Mon ami Georges, de retour aux États Unis, est un de ceux-là.
Sa récolte est tellement maigre qu'il ne peut rien faire sur les prix au niveau mondial. Son voisin est dans la même situation.
Du coup, si Georges aide son voisin, cela lui sera profitable et Georges lui, ne perdra rien sur ce que lui rapporte sa récolte.
À partir du moment où Georges ne se lèse pas, il a plein d'autres raisons d'aider son voisin. Georges n'est pas simplement aimable, il reconnaît que quand il donne un coup de main à son voisin, ce dernier s'empresse de lui renvoyer l'ascenseur.
Voilà ce que vous observez dans un marché compétitif libre : de la coopération.
Une compétition visible indique que le marché n'est pas complètement libre et compétitif. Une compétition visible, cela veut dire qu'à la limite, vous n'avez qu'un marché semi-libre.
Allons plus loin : si un logiciel est vendu sur un marché libre, la concurrence entre les vendeurs va faire tomber les prix ; ce qui va profiter aux non-programmeurs.
Voyons les choses autrement : le prix d'un logiciel est déterminé en premier lieu par des considérations légales, par le degré de liberté dont profitent les acheteurs. Si ceux-ci ont l'interdicton d'acheter un produit sauf à prix élevé et que cette prohibition soit renforcée avec succès, le produit sera cher. C'est ce qui se produit aujourd'hui avec beaucoup de logiciels propriétaires.
D'un autre côté, si le produit est mis sur un marché libre, la compétition entre les vendeurs fera baisser les prix.
Et vraiment, il y aura des cas où les prix seront tellement bas que les compagnies ou les organisations donneront les CDROM contenant les logiciels ; d'autres feront des copies pour leurs amis ; et d'autres encore les mettront en téléchargement sur Internet, gratuitement.
Ceci signifie que le logiciel en lui-même, support nécessaire à un projet communautaire ou marchand, deviendra peu coûteux et légal.
Placez-vous du point de vue d'une petite structure ou d'une association. Elle pourrait utiliser un logiciel propriétaire diffusé via une distribution restrictive et alors soit payer une somme qu'elle n'a pas, soit enfreindre la loi et le voler.
D'un autre côté, le logiciel libre est bon marché et légal. Il est plus accessible. Il est aussi personnalisable, plus que ce que les logiciels restrictifs peuvent l'être. Il donne du pouvoir.
Nous façonnons le développement de cette technologie, nous créons la collaboration à travers l'utilisation d'un outil légal - une licence - qui vous donne plus de droits que vous n'auriez autrement, qui vous interdit d'interdire, ce qui - dans ce cas - vous donne le droit de copier, étudier, modifier et redistribuer le logiciel. Parce qu'y sont associées des libertés, ce logiciel est appelé «logiciel libre» (free software).
&Ecute;noncer cette phrase me pousse à éclaircir un terme qui parfois induit en erreur les anglophones.
Les bas prix des logiciels libres font croire à certains anglophones que le mot «free» (libre, mais veut aussi dire «gratuit», en anglais), dans le terme «free software» (logiciel libre), signifie gratuit. Non, «free» est pris dans le sens libre, mais c'est une confusion courante. Après tout, j'ai parlé de consommation modeste des ressources, de logiciel peu coûteux.
Le mot anglais «free» a plusieurs sens. Comme me le disait un jour un ami mexicain - dirigeant par ailleurs d'un gros projet dans le logiciel libre :
Il y a quelque chose qui ne va pas dans la langue anglaise ; elle ne sait pas faire la différence entre une «bière gratuite» et la «libre expression».
L'espagnol, au contraire, fait la distinction entre «gratis» et «libre» (se prononce à peu près «libré»). Le logiciel libre est un logiciel «libré».
De même, la langue de nos hôtes, Bahasa Melayu, fait la distinction entre «pecuma» et «kebebasa». Un logiciel libre est un logiciel «kebebasa».
Entre parenthèses, Éric Raymond et Bruce Perens ont inventé le terme «open source» (sources accessibles, «ouvertes»), il y a quelques années en arrière, comme synonyme de «free software». Ils voulaient modifier la mauvaise opinion qu'avaient certaines compagnies sur le marché du libre. Le terme est devenu courant. Éric et Bruce ont atteint leur but.
Cependant, je préfère le terme de «logiciel libre», qui s'accorde plus avec le but de liberté ; cette proposition pour chaque homme, chaque femme, même vivant dans un pays du tiers-monde, qu'il le droit premier de faire un travail rémunérateur et qu'on ne leur interdise pas.
J'ai mentionné le fait qu'une communauté ou une collectivité peut utiliser un logiciel bon marché et légal.
Maintenant, laissez-moi vous parler de l'industrie logicielle elle-même.
Parce que la concurrence dans un marché compétitif pousse vers le bas le prix des logiciels libres, personne ne veut prendre part à l'industrie logicielle pour vendre ces logiciels comme tels. Par contre, et cela est souvent méconnu, il est possible de faire de l'argent par d'autres moyens.
Les compagnies et le personnel de l'industrie logicielle ne vendent pas les logiciels en eux-mêmes, mais plutôt les services qui peuvent s'y rapporter, tant au niveau logiciel que matériel, ou d'autres solutions.
C'est ce qui se passe dans les professions médicales ou juridiques. Aussi bien la connaissance médicale que la loi sont librement redistribuables. Médecins et hommes de loi vendent leurs services pour résoudre des problèmes.
De quels services je veux parler ? Le plus évident : aider à se servir d'un ordinateur ou, pour prendre un exemple plus précis, aider à mettre en place un réseau fonctionnant par ondes radio, dans un endroit où il n'y a pas de téléphone ou encore aider à la création et à la saisie de données dans une base de données pour un magasin.
De façon moins évidente, mais en progression, les compagnies qui vendent des téléphones ou des usines pour la dessalinisation ajoutent des logiciels à leurs matériels pour les rendre plus attrayants aux yeux des acheteurs.
Notez que les programmeurs écrivent eux-mêmes des logiciels pour quatre raisons principales : d'abord, ils sont payés pour résoudre un problème, tout comme un homme de loi est payé pour rédiger un contrat. Ensuite, il peut s'agir d'une partie d'un autre projet. Troisièmement, pour accroître leur réputation et finalement, parce qu'ils le veulent.
J'ai parlé du façonnage de cette technologie pour collaborer. La clef, c'est la liberté et la création d'un cadre légal qui soutienne la liberté.
Maintenant, laissez-moi aborder les initiatives qui mènent à la prospérité.
Les ressources, ou leur absence, sont un débouché du développement.
Comme je l'ai dit plus haut, les logiciels libres réduisent les barrières qui bouchent l'entrée et de l'industrie logicielle et des autres industries ou activités.
Le logiciel libre, la collaboration et l'esprit, la culture, qui en anime les gens, permettent de réduire les coûts des opérations.
Laissez-moi prendre un exemple tiré tout droit de cette conférence. Tout d'abord, je dois vous dire que j'ai des correspondants un peu partout dans le monde. Ils ne vivent pas tous dans des pays riches. Eux-mêmes ou leurs institutions ne sont jamais très riches.
Les premiers messages que j'ai reçus à propos de cette conférence, ont utilisé plus de quatre fois et demie les ressources nécessaires à la circulation de l'information. Ils ont été envoyés avec exagération.
La prochaine fois que vous aurez à budgeter un projet, imaginez le payer quatre fois et demie son prix. Réfléchissez alors à la manière dont vous allez le financer.
La prochaine fois que vous paierez le restaurant, sortez quatre fois et demi l'argent de votre poche...
Pour moi, les ressources utilisées ne me touchent pas, puisque la télécommunication ne m'est pas facturée à la minute, comme beaucoup le sont. Mais je sais que mes correspondants tout autour du monde préfèrent que je fasse attention à mes communications, que je ne gaspille pas leur argent ou celui de leurs institutions.
Une des caractéristiques remarquables des logiciels libres, est qu'ils peuvent tourner sur de vieilles machines, aux capacités modestes, comme je l'ai mentionné tout à l'heure. Par exemple, il y a quelques mois, j'ai lancé sur le 486 de ma sœur, un gestionnaire de fenêtres, un navigateur Web graphique et un programme de manipulation d'images. Tout cela a parfaitement fonctionné.
Les éditeurs de texte, les programmes de courrier électronique et les tableurs demandent même moins de ressources.
Cette frugalité signifie que les gens peuvent utiliser ces vieux équipements qui ont été dédaignés par les World Companies. Un tel matériel n'est pas cher ou souvent offert. Les ordinateurs ont besoin d'être transportés. Vous aurez parfois à prévoir localement de retaper le matériel et de le remplir de logiciels libres, peu coûteux et personnalisés. Pour l'utilisateur final, ces machines coûtent moins qu'une machine neuve.
Alors que pendant ce temps-là, les constructeurs fabriquent des ordinateurs modernes, à courte durée de vie et qui en font autant que les vieux, qui sont moins chers.
Ce n'est pas la peine d'acheter un matériel onéreux, flambant neuf pour faire tourner vos logiciels.
En conclusion :
On m'a demandé de parler sur :
«Façonner le développement collaboratif des technologies de l'information et des communications et les initiatives pour une prospérité globale»
Ces 16 dernières années, je les ai passé à travailler avec des gens qui ont façonné le logiciel grâce à un outil légal qui vous donne maintes libertés : celles de copier, étudier, modifier et redistribuer le logiciel.
Cet outil façonne la technologie logicielle pour la rendre plus accessible et lui donner plus de pouvoir ; il encourage les gens à travailler en collaboration et offre une technologie pour une meilleure façon de gouverner.
Cet outil légal signifie que les sociétés impliquées dans les TIC sont en compétition non pas pour le logiciel lui-même, mais pour la vente de services associés au logiciel ou la vente de matériel ou autre.
Ce cadre légal veut dire que les sociétés offriront des services plus fiables et plus efficaces.
La liberté, soutenue par une licence adéquate, signifie que les gens qui utilisent des ordinateurs ou les télécommunications comme outils, peuvent prendre pied dans leur industrie plus facilement.
Ce qui signifie que tous les usagers peuvent participer plus facilement et réduire leurs frais d'exploitation. Ce qui implique que les gens vivant dans des pays plus pauvres n'envoient pas leur argent aux pays riches, mais qu'ils le maintiennent dans leur économie locale.
De plus, comme je l'ai dit plus haut, les licences logicielles dans des distributions restrictives forcent souvent les gens à choisir entre violer la loi ou payer une somme qu'ils n'ont pas.
Pour bien gouverner, un pays ne devrait pas forcer les personnes qui tentent de travailler décemment à prendre une telle décision. Trop souvent, une personne respectueuse des lois mais sans grandes ressources, choisira de violer la loi.
Par contre, un pays devrait faire les choses de façon à ce qu'agir dans le respect des lois, soit sans aucun doute la meilleure action, pour des raisons légales, morales et pratiques. On s'attend toujours à ce que son voisin soit respectueux des lois et honnête ; c'est ce qu'encourage le logiciel libre.
Le logiciel libre donne du pouvoir à ceux qui étaient laissés pour compte.
Retournez à la page principale du projet GNU.
Pour les questions et requêtes relatives à la FSF & GNU : gnu@gnu.org. Autres moyens pour contacter la FSF. Merci d'envoyer des commentaires sur cette page web à webmasters@gnu.org, envoyer une autre question à gnu@gnu.org.
Copyright (C) 2000 Free Software Foundation, Inc., 9 Temple Place - Suite 330, Boston, MA 02111, USA
Verbatim copying and distribution of this entire article is permitted in any medium, provided this notice is preserved.
La reproduction exacte et la distribution intégrale de cet article est permise sur n'importe quel support d'archivage, pourvu que cette notice soit préservée.
Dernière mise à jour : $Date: 2004/07/11 10:28:37 $ $Author: taz $
Traduction : Pierre-Yves Enderlin Révision : trad-gnu@april.org