Seul le monde libre peut résister à Microsoft
par Tom Hull
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Le coût de reproduction et de distribution des logiciels est proche de
zéro. Ce qui signifie, qu'en théorie, il n'est pas plus coûteux de
produire des logiciels qui peuvent être librement distribués et
utilisés par n'importe qui que de produire des logiciels pour une
clientèle limitée.
- Le prix du logiciel n'a aucun rapport avec le coût de son
développement. Les deux facteurs qui comptent vraiment sont la
taille du marché (qui est limité par le prix et
l'utilité du logiciel) et la compétition. Pour un
marché d'un logiciel donné, la marge maximum peut être
obtenue en excluant ou en éliminant la
compétition.
- Les éditeurs de logiciels qui sont capables de
contrecarrer la compétition atteignent des sommets de pouvoir
qui sont inconcevables dans les autres industries. C'est dû en partie
à l'énorme chiffre d'affaires qui est possible en
l'absence de concurrents de produits dont le coût de reproduction est
nul, mais aussi c'est largement dû à la complexité du
logiciel lui-même, qui permet à des entreprises dominantes de
créer des « standards » qui excluent la
compétition future.
- Pour le logiciel, tous les marchés de niche
évoluent rapidement vers un monopole ou un équilibre
mutuel où un petit nombre d'acteurs se mettent d'accord tacitement
afin de ne pas détruire leurs profits respectifs (les
entreprises établies peuvent défendre leurs parts de
marché en réduisant leurs prix à pratiquement
rien, rendant la compétition sur le prix suicidaire pour les
nouveaux arrivants). Cependant, il y a des cas de compétition
asymétrique, où un grand nombre d'entreprises avec d'autres
sources de revenus peuvent détruire une plus petite entreprise
qui dépend d'une seule source de revenus.
- Microsoft a une source de revenus solide basée sur sa
position dominante dans le marché des systèmes
d'exploitation pour ordinateurs personnels, et utilise le pouvoir
inhérent à cette position pour favoriser ses autres
activités marchandes, grâce à sa possibilité de
dicter des « standards » et de saper la
compétition, spécialement quand le pouvoir (et non pas
l'argent seul) est en jeu.
- Les capitalistes investissent dans les nouvelles entreprises de
logiciel avec l'espoir de gagner une position dominante dans un
nouveau marché de niche. Il n'y a essentiellement pas de
nouveaux investissements dans un marché de niche existant, car
il est impossible d'entrer en compétition avec un acteur
dominant établi sur la base de coûts plus bas. De plus, les
gains potentiels d'une bataille difficile pour une petite part d'un
gâteau qui s'amenuise justifient rarement les risques. Dans leurs
rêves les plus fous, ces capitalistes ne veulent rien plus que devenir
exactement comme Microsoft.
- La campagne pour placer Microsoft sous le coup de la loi
antitrust semble majoritairement être l'effort d'entreprises qui
trouvent leur propre pouvoir menacé par les activités de
Microsoft. Ils cherchent à rendre plus difficile la sape de
leur propre activité par Microsoft, mais cependant, ils sont
fondamentalement identiques à Microsoft car ils ne remettent
pas en question un monde où les entreprises de technologie travaillant
à partir de capitalisation de propriété
intellectuelle sont capables de contrôler l'utilisation de cette
technologie pour leur propre profit maximal.
- Dans l'équation du marché, la demande est
égale à la production et de beaucoup de façons,
son maître. Encore que dans le monde dans lequel nous vivons, la
production est très organisée, efficace et commande
à d'énormes ressources financières et des
pouvoirs séduisants de persuasion, alors que la demande est
fragmentée, mal informée et passive. Même si les
consommateurs peuvent toujours tuer un produit pour lequel ils n'ont
pas de désir, ils sont presque passifs pour diriger ou même
influencer la conception détaillée de ces produits.
Pour les produits logiciels, les consommateurs peuvent seulement
choisir parmi un ensemble donné d'alternatives, qui sont
extrêmement complexes, désespérément
impénétrables et généralement
conçues plus pour les desseins anticompétitifs de
l'entreprise que pour les besoins de l'utilisateur (même l'option
démodée de faire sans est souvent impossible en raison
de l'inextricable entrelacement d'interdépendances au fur et
à mesure que la marche forcée de nouveaux
matériels et logiciels nous entraîne inexorablement vers le
futur.
- Le seul vrai « logiciel qui tue » est le
logiciel libre : le logiciel libre de revendication de
propriété intellectuelle, qui est publié sous
forme de code source, qui peut être inspecté,
évalué, corrigé et amélioré par
tout le monde ayant l'envie de le faire, qui est distribué
librement et qui peut être installé sur autant de machines que
désiré et utilisé sans limites. Le logiciel
libre est le logiciel qui tue l'industrie des produits fermés
et scélérats. Ce sont des logiciels que les
utilisateurs peuvent sélectionner intelligemment pour remplir
les besoins d'aujourd'hui et qui peuvent être conçus de
manière collective pour répondre à des besoins
futurs. Le logiciel libre est la seule chose avec qui même Microsoft
ne peut pas rivaliser.
- Cependant, il y a un problème fondamental : qui
paye pour développer des logiciels libres ? La
réponse habituelle, qui mène à tous les
problèmes décrits ci-dessus, est que des investisseurs
payent pour le développement, qu'ils récupèrent
pour leur profit. La seule réelle réponse est que les
coûts de développement doivent être payés par les
utilisateurs eux-mêmes. Le point crucial est ici que ce pourquoi on
paye, n'est pas la distribution ou l'utilisation du logiciel, mais son
développement. Et ce développement de logiciel libre
implique que tout le monde puisse l'utiliser. Je pense qu'il y a une
manière simple de le gérer : tous ceux qui veulent
voir un logiciel développé ou amélioré
postent une « requête de projet » incluant une
somme pour contribuer à son
développement. Des organisations intermédiaires peuvent
mettre en commun ces requêtes et des parties intéressées
peuvent placer la barre plus haut.Les développeurs peuvent
alors effectuer des recherches à travers les demandes et
effectuer des enchères sur le travail de développement
ou travailler sur les spécifications. Les développeurs
peuvent aussi poster leurs propres propositions que les utilisateurs
peuvent alors acheter.
- Le logiciel libre peut être développé pour moins
cher que les produits logiciels fermés. Même pour des
professionnels du développement bien payées,
entièrement financés par des utilisateurs consciencieux,
le coût du logiciel libre serait significativement inférieur
que les primes aujourd'hui payés à la construction d'un
empire. La qualité serait meilleure, tout spécialement
en termes d'adéquation d'utilisation. La libre distribution
assurerait une couverture et un choix maximum : un marché
libre basé purement sur l'utilité et la qualité.
La composante du service sur les logiciels s'ouvrirait aussi :
tous ceux qui le voudraient pourraient commencer à partir du
même code à apprendre, offrir du support et enseigner. Les
meilleurs fournisseurs de service auraient du succès.
- Des étapes simples peuvent mettre ce mouvement en
route : formons une organisation initiale pour classer les
problèmes techniques, suggérer des arrangements de
travail, étudier l'économie, esquisser un cadre
légal, faire germer et coordonner les requêtes et chercher des
contributions initiales (en incluant le corps énorme de
logiciels libres déjà disponibles), effectuer un peu de
travail d'évangélisation. Demander à de grosses
entreprises et à des organisations de budgétiser une petite
fraction de leurs dépenses de logiciels pour des propositions.
Mettre en place un groupe d'étude de problèmes sur la
propriété intellectuelle, contester les revendications
douteuses et enquêter sur la faisabilité de l'achat et de la
libération de droits pour valider des revendications.
Encourager le développement d'organisations plus locales,
locales géographiquement, à une industrie, une niche, un
goût, avec le groupe initial se séparant ou
s'affaiblissant : des méthodes et des procédures
communes, mais pas de contrôle centralisé.
- Appelons cette organisation, le cadre entier, « Le
Monde Libre ». Cela signifie une connaissance libre et
ouverte, un développement libre et ouvert, des logiciels qui
travaillent pour vous. Faites une pause. Contribuez. Vous n'avez
rien à perdre à part Ctrl-Alt-Del.
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